Maisons, fermes : l'habitat à Magné

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Magné

La période de construction des habitations a pu être estimée par observation sur le terrain et/ou déterminée plus précisément par les archives, notamment le cadastre. Rares sont les dates inscrites. On n'en relève que 4 à Magné : 1612 au 43 Grande rue, 1671 au 5-7 rue du Port Musqué, 1828 au 6 Grande rue, et 1899 au 35 rue du Grand port.

Parmi les 164 maisons et fermes relevées, une part non négligeable (22, soit 13 %) présente au moins un élément antérieur à la Révolution (18e siècle, voire 17e siècle). Il s'agit généralement d'une simple ouverture maintenue ou remployée à l'occasion d'une reconstruction ultérieure, avec encadrement chanfreiné ou linteau en arc en plein cintre. Certaines petites habitations, en simple rez-de-chaussée avec grenier, deux baies au rez-de-chaussée et une travée d'ouvertures en façade, peuvent aussi remonter à cette période, mais aussi au début du 19e siècle. 27 habitations (16 % du total) semblent ainsi remonter à la première moitié de ce siècle, surtout dans les années 1830-1840.

Comme pour toute la région, la seconde moitié du 19e siècle correspond à un âge d'or économique pour Magné, surtout après les aménagements de routes et de ponts qui facilitent le désenclavement de l'ancienne île. Contradictoire cependant avec le déclin démographique observé, cet essor se manifeste par un grand nombre de reconstructions ou de nouvelles constructions, observées tant sur le terrain que dans le cadastre. Ainsi, 62 % des habitations relevées (soit 103) remontent à cette période. Ce développement urbain et architectural se poursuit dans les premières décennies du 20e siècle, en dépit toujours du recul du nombre d'habitants : moins nombreux, les Magnésiens bénéficient d'habitations plus grandes et plus confortables. 34 d'entre elles (soit 20 % du total) ont ainsi été édifiées dans les années 1900-1920. Au final, 84 (soit 52 %) l'ont été à partir des années 1870-1880.

Avant le renouveau urbain enregistré à partir des années 1970, Magné présente quelques exemples intéressants d'architecture moderniste des années 1950-1960, inspirée à la fois du régionalisme et de l'architecture de villégiature de cette époque. 4 maisons de ce type ont été relevées, avec toit en appentis, décrochements de plans, alliance de matériaux traditionnels ou plus modernes, sans oublier l'immeuble à logements du 68 rue du Clouzis qui annonce l'expansion démographique et urbain du bourg dans les dernières décennies du 20e siècle et au début du 21e.

Périodes

Principale : Temps modernes, 19e siècle, 20e siècle

Un habitat concentré dans le bourg

Comme pour toutes les communes du Marais poitevin, la quasi totalité des 164 habitations relevées sont situées sur les anciennes terres hautes. Seules 2 anciennes fermes localisées dans les marais mouillés, en bord de Sèvre, ont été relevées, à Tartifume. L'habitat à Magné présente la particularité d'être fortement concentré dans le bourg, qui représente 72 % des habitations relevées (119). Près d'un quart des autres (40) se retrouvent dans les hameaux qui gravitent autour du bourg (Jousson, la Grève) ou plus loin (Sevreau, l'Ouchette, le Gué, la Trigale et la Repentie). Rares sont les fermes ou anciennes fermes isolées, réparties sur ou en bordure du plateau calcaire (le Moulin, la Garenne, la Grenouillère...).

Cette forte concentration dans le bourg a un impact sur la forme des bâtiments et leur répartition sur les parcelles. Ainsi, 70 % des maisons (soit 67) sont dites attenantes, c'est-à-dire accolées les unes aux autres, sans autre espace qu'une petite cour ou jardin, tout au plus. 42 % des habitations (soit 68) sont par ailleurs en alignement sur la voie. Une proportion presque aussi importante (40 %, soit 65 cas) concerne cependant des habitations en retrait par rapport à la voie dont elles peuvent être séparées par un petit jardin ou cour délimités par un muret de clôture.

Des habitations en hauteur et à l'architecture sobre mais soignée

L'optimisation de l'espace se traduit aussi dans l'architecture des bâtiments. On va chercher en hauteur la place dont on manque au sol, les bâtiments étant resserrés. Ainsi, 70 % des habitations (soit 116) possèdent un étage, dont plus de la moitié disposent en plus d'un grenier, habitable dans la majorité des cas. Parmi les 44 habitations en rez-de-chaussée, 41 ont elles-aussi un grenier, généralement habitable. On compte 10 habitations avec un rez-de-chaussée surélevé, et 6 avec un étage de soubassement, la plupart étant situées en bord de Sèvre, pour se prémunir de l'inondation.

On remarque aussi que la majorité des habitations sont des logements de petite taille ou de taille moyenne. C'est ce qu'indique le nombre de travées d'ouvertures en façade. 80 (soit 49 %) n'en possèdent ainsi qu'une ou deux. Les logements les plus petits (une seule travée, avec souvent une seconde baie au rez-de-chaussée) sont aussi les plus anciens, avant le milieu du 19e siècle, mais on en rencontre aussi par la suite. Les façades qui présentent deux travées d'ouvertures sont les plus nombreuses (62, soit 40 % du total). Les logements plus grands et plus confortables, repérables à leurs 3 voire 4 travées en façade, sont au nombre de 64 (soit également 40 % du total). Ils incarnent bien souvent dans la pierre la réussite sociale et économique de leurs commanditaires dans la seconde moitié du 19e siècle. Les façades les plus amples (5 voire 6 travées d'ouvertures) sont celles des 15 maisons de maîtres relevées, demeures de notables de la commune (riches commerçants, médecins, quelques grands propriétaires et cultivateurs, occupant parfois des fonctions communales telles que celle de maire). Enfin, certaines façades trahissent, par la présence d'une large baie par exemple, l'ancienne présence d'un commerce, d'un atelier d'artisan, ou encore d'un café ou restaurant, certains établissements perdurant de nos jours.

Sans ostentation, toutes ces habitations n'en présentent pas moins une architecture soignée. 60 % d'entre elles (soit 99) présentent un ou plusieurs bandeaux d'appui, parfois (rarement) mouluré, et 41 % (soit 68) ont leur façade couronnée par une corniche. Un quart (soit 41) présentent une élévation ordonnancée : les travées d'ouvertures, notamment pour celles au nombre de trois, sont réparties symétriquement autour de la porte centrale, dont l'encadrement peut être mouluré. Le décor se fait plus présent sur les maisons de maître, sans se départir d'une certaine sobriété. Encadrements saillants des ouvertures, lucarnes percées sur le toit, épis de faîtage relèvent alors l'ensemble. L'ardoise est rare sur les toits : seulement 10 exemples repérés, là encore surtout sur les maisons de maître.

L'architecture des habitations se fait plus originale lorsqu'il s'agit d'architecture dite de villégiature, celle inspirée des bords de mer et qui, à l'approche de Niort comme ici, s'est répandue en bords de Sèvre à partir de la fin du 19e siècle et pendant toute la première moitié du 20e. On compte ainsi à Magné 8 villas, dont 2 à la Trigale, face au port de Coulon, une bien en vue du pont de Magné (les Charmettes), et 3 dans le quartier du Roc (la plus spectaculaire étant le Cottage du Roc). 2 autres constructions de ce type se rapportent à l'architecture moderniste des années 1950-1960.

Des fermes témoignant de l'histoire agricole de la commune

Parmi les 69 fermes ou anciennes fermes relevées, plus de la moitié (38) se trouvent dans le bourg. Les autres se répartissent dans les hameaux ; rares sont les fermes isolées (5), disséminées au milieu du plateau agricole ou en bordure, à la limite avec les marais. Les trois quarts d'entre elles (51) sont des fermes à bâtiments jointifs, majoritairement (25 cas) disposés dans le prolongement les uns des autres (les dépendances sont établies à la suite du logis). Parmi ces dernières, la plupart (16) voient le logis et les dépendances réunis sous le même toit, formant un bloc en longueur. On retrouve là le souci d'optimiser l'espace, en bordure des marais comme au coeur du bourg.

Le type de dépendances rencontrées traduit l'histoire agricole du territoire, largement tourné vers l'élevage au 19e siècle et jusqu'au milieu du 20e. Abritant une poignée d'animaux, les étables sont fréquentes (48 relevées), souvent surmontées de fenils fermés par des bardeaux en planches de peuplier (qu'a pu remplacer la tôle ondulée). La ferme est souvent constituée aussi d'un hangar ou "balet", construction à trois pans en pierre, largement ouverte sur l'extérieur par le quatrième côté, dans le prolongement de l'étable et du fenil. Apanage des plus grandes exploitations, 6 vastes granges-étables à façade en pignon ont été dénombrées, présentent dans les grandes fermes de la Grenouillère, Monpensier, la Repentie, la Chapelle et le Clouzis.

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